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Sabtu, 01 Maret 2014

nnaissance religieuse et métaphysique81. McLuhan se concentrait sur ce qui pouvait être qualifié de « biais sensoriel » en avançant par exemple que les livres et les journaux faisaient appel à la ration

 l'université de Toronto. En tant que professeur de littérature anglaise, McLuhan fut flatté lorsqu'il apprit qu'Innis avait mis son livre La mariée mécanique, sur la liste de lecture du cursus économique de quatre ans79. McLuhan continua les travaux d'Innis sur les effets des médias de communication. Le biographe Paul Hayer, écrivit que le concept d'Innis de « biais » d'un moyen de communication peut être vu comme un « précurseur moins flamboyant de la phrase emblématique de McLuhan, Le message, c'est le médium80 ». Innis essaya par exemple de montrer comment les médias imprimés comme les livres et les journaux étaient « biaisés » envers le contrôle sur l'espace et le pouvoir séculier alors que les médias engravés comme les stèles ou les tablettes d'argile étaient « biaisés » en faveur de la continuité dans le temps et la connaissance religieuse et métaphysique81. McLuhan se concentrait sur ce qui pouvait être qualifié de « biais sensoriel » en avançant par exemple que les livres et les journaux faisaient appel à la rationalité de l'œil tandis que la radio jouait sur l'irrationalité de l'oreille82. Les différences entre les deux approches ont été résumées par James W. Carey :
McLuhan et Innis reconnaissaient tous deux la centralité de la technologie de l'information ; ils différaient néanmoins dans les principaux types d'effets qu'ils voyaient dériver de cette technologie. Alors qu'Innis considérait que la technologie de la communication affectait principalement l'organisation sociale et la culture, McLuhan avançait que l'effet principal s'exerçait sur l'organisation sensorielle et la pensée. McLuhan avait beaucoup à dire sur la perception et la pensée mais peu à dire sur les institutions ; Innis parla beaucoup sur les institutions et peu sur la perception et la pensée83.
Le biographe John Watson nota que le travail d'Innis était profondément politique alors que celui de McLuhan ne l'était pas. Il écrivit que « la mécanisation de la connaissance, pas le relativement consensuel biais des médias, est la clé du travail d'Innis. Cela souligne également la politisation de la position d'Innis par rapport à McLuhan ». Watson ajoute également qu'Innis considérait que des médias très différents pouvaient produite des résultats similaires. « Pour Innis, le journalisme jaune des États-Unis et les mégaphones nazis avaient les mêmes effets négatifs : ils réduisaient les hommes du statut d'êtres conscients à de simples automates dans une chaîne de commandement ». Watson avançait que si McLuhan séparait les médias suivant leurs biais sensoriels, Innis examinait un groupe différent de corrélations, la « dialectique du pouvoir et de la connaissance » dans des circonstances historiques spécifiques. Pour Watson, le travail d'Innis était donc plus flexible et moins déterministe que celui de McLuhan84.
En tant qu'universitaires et enseignants, Innis et McLuhan partageaient un même dilemme car les deux avançaient que la culture littéraire t

xtraterrestre. Il abhorrait la course aux armements nucléaires qu'il voyait comme le triomphe de la force

 de consommation est caractérisée par des industries de communication largement dépendantes de la publicité et des efforts constants pour atteindre le plus grand nombre de lecteurs ou d'auditeurs ; une économie mettant l'accent sur la production de biens est caractérisée par des industries de communication largement dépendantes du soutien de l'État. En conséquence de ce contraste, une opinion publique commune en Russie et à l'Ouest est difficile à obtenir74.
Peu après le voyage d'Innis à Moscou et à Leningrad, la rivalité entre l'Union soviétique et les États-Unis se transforma en guerre froide. Innis se lamentait de cette montée des tensions75. Il voyait l'Empire soviétique comme un contrepoids pour l'Empire américain basé sur le mercantilisme, l'individualité et le changement permanent. Pour Innis, la Russie était une société dans la tradition occidentale et non une civilisation extraterrestre. Il abhorrait la course aux armements nucléaires qu'il voyait comme le triomphe de la force sur la connaissance et une forme moderne d'Inquisition : « Le Moyen Âge brûlait ses hérétiques et l'age moderne les menace avec des bombes atomiques76 ».
En 1946, Innis fut élu président de la Société royale du Canada, le principal organisme scientifique et universitaire du Canada. La même année, il participa à la commission royale du Manitoba sur l'éducation des adultes et il publia Political Economy in the Modern State, une collection de discours et d'essais qui reprenait ses études sur les ressources et ses travaux sur la communication. En 1947, Innis fut nommé doyen des études universitaires de l'université de Toronto. En 1948, il donna des conférences aux universités de Londres, de Nottingham et d'Oxford. En 1949, Innis fut nommé commissaire de la commission royale sur les transports du gouvernement fédéral, une fonction imposant de nombreux déplacements à un moment où sa santé commença à décliner77. La dernière décennie de sa carrière au cours de laquelle il travailla sur la communication fut une période malheureuse pour Innis. Il était académiquement isolé car ses collègues économistes ne comprenaient pas le lien entre ce nouveau travail et ses travaux pionniers dans la théorie des ressources principales. Son biographe, John Watson, écrivit que « le manque presque complet de réponses positives aux travaux sur la communication contribua à son surmenage et à sa dépression78 ».
Innis mourut d'un cancer de la prostate en 1952 quelques jours après son 58e anniversaire. L'Innis College de l'université de Toronto et la bibliothèque Innis de l'université McMaster furent nommés en son honneur.
Innis et McLuhan[modifier | modifier le code]

Marshall McLuhan était un collègue d'Innis à

é à rendre position ; jamais satisfait de ne choisir qu'un ou deux éléments dans une équation compliquée afin de construire rapidement une politique ou un programme ; très largement qualifié intellect

isme. Eric Havelock, un collègue gauchiste d'Innis expliqua de nombreuses années après qu'Innis se méfiait des « solutions » politiques importées d'ailleurs, en particulier celles basées sur une analyse marxiste et son attachement à la lutte des classes. Il s'inquiétait également que du fait de l'affaiblissement des liens entre le Canada et le Royaume-Uni, le pays tomberait sous l'influence des idées américaines plutôt que de développer ses propres idées basées sur les caractéristiques uniques du Canada. Havelock ajouta :
Il a été appelé le conservateur radical de son époque. Ce n'était pas une mauvaise description d'un esprit complexe, clairvoyant, prudent, peut-être au fond pessimiste dans les zones où les penseurs que nous qualifierons de « progressistes » avaient moins de difficulté à rendre position ; jamais satisfait de ne choisir qu'un ou deux éléments dans une équation compliquée afin de construire rapidement une politique ou un programme ; très largement qualifié intellectuellement pour prendre en compte l'ensemble des facteurs et à comprendre leurs effets souvent contradictoires70.
Fin de carrière et mort[modifier | modifier le code]
Dans les années 1940, Innis atteignit l'apogée de son influence à la fois dans les cercles académiques et dans la société canadienne. En 1941, il aida à la création de l'Association d'histoire économique américaine et son Journal of Economic History. Il devint par la suite le vice-président de l'association. Innis joua un rôle central dans la fondation de deux importantes sources de financement pour la recherche académique : le Canadian Social Science Research Council en 1940 et l'Humanities Research Council of Canada en 194471. En 1944, l'université du Nouveau-Brunswick décerna à Innis un diplôme honoraire et l'université McMaster, l'université Laval, l'université du Manitoba et l'université de Glasgow firent de même dans les années 1947-194872.


Un livret de la défense civile américaine. Innis se lamentait de la guerre froide et de la course aux armements nucléaires. Il considérait que le XXe siècle était caractérisé par une mobilisation permanente pour la guerre.
En 1945, Innis passa près d'un mois en Union soviétique où il avait été invité à participer aux célébrations marquant le 220e anniversaire de la fondation de l'académie russe des sciences73. Dans son essai ultérieur, Reflections on Russia, il médita sur les différences entre l'économie soviétique « productiviste » et la philosophie occidentale « consumériste » :
Une économie mettant l'accent sur les biens